Petit par la taille, grand par la qualité de ses produits, le château Bellegrave-du-Poujeau n’a rien à envier à ses grands confrères qui font la gloire du Médoc.
Il est situé sur la commune du Pian-Médoc, entre Bordeaux et Margaux, et sa taille modeste – 4 hectares – évoque plus un grand jardin familial qu’un vaste vignoble médocain.
A l’origine, les vignes appartenaient au château Duthil, domaine classé « Cru Bourgeois en 1932 » et appartenant à la famille Vaillant. Laissées à l’abandon, les vignes furent un temps remplacées par des pommiers. Mais cette tentative ne fut pas couronnée de succès.
Au début des années 1980, Jean-Pierre Cantelaube achète ce domaine. Il prend avec courage le manche et la cognée, et plante 4 hectares de Cabernet Sauvignon.
C’est avec passion et patience que cet homme-là élabore des vins généreux, qu’il travaille dans l’objectif d’en faire des vins de garde.
J’en veux pour preuve son millésime 2005 qui obtint la médaille d’Or en 2007, et le millésime 2007 qui la reçu également en 2009, dans le cadre des Vignerons Indépendants.
Ce samedi 13 avril, je me suis rendu dans ce domaine où étaient organisées deux journées portes-ouvertes. Il faisait plus de 24° sous un soleil dont on avait presque perdu le souvenir !
Je fus accueilli par Bruno, le fils Cantelaube, qui le temps de ce week-end, avait lâché son métier au CIC.
J’avais un peu l’impression de rentrer dans une maison privée, mais mon guide d’occasion, je devrais plutôt dire occasionnel, avait visiblement envie de me livrer l’histoire de cette maison. Plus nous avancions dans la visite et plus je sentais une véritable âme du vin.
Rien n’était dans le bling bling, et c’est devant une barrique ou étaient disposés quelques verres devant quatre bouteilles des millésimes 2007, 9, 10 et 12 que commença la dégustation.
Je commençais par le 2007 en essayant de manière polie d’expliquer à mon interlocuteur que ce vin servi frais pourrait remplacer de mauvais rosés, sous-entendu qu’il était vraiment léger. Mais Bruno, qui n’est pas tombé de la dernière goutte de jus de raisin, me rappelle que les 2007 ne faisaient pas partie des meilleurs millésimes. Et si c’est vrai chez lui, c’est aussi largement le cas ailleurs.
Puis vient la dégustation du 2009, et là il se passe quelque chose. Je trouve enfin la main du passionné, la véritable expression d’un investisseur plus attentif à la qualité de sa production qu’au développement de son compte en banque. La couleur, le nez, le goût, la profondeur de ce vin est remarquable ! Cela n’a pas échappé, me précise Bruno, à Jean-Christophe Ollivier le nouveau patron du Pont Bernet, qui l’a référencé dans son établissement. Il faut dire que Jean-Christophe est sommelier de profession, et Gault et Millau lui rendit même hommage en 2012, en le reconnaissant meilleur sommelier de Suisse.
Pour ce qui concerne le millésime 2010, c’est un vin très charpenté qui a du corps. Un vin à boire sur du gibier ou des fromages de caractères. C’est un vin puissant, peut-être un peu trop maintenant, mais laissons faire les deux prochaines années.
On peut considérer que le millésime 2012 à de solides fondations prêtes à recevoir un vin qui sera vraisemblablement de bonne vertu, mais pour l’instant il faut avoir quelques qualités de visionnaire pour en tirer des conclusions définitives.
J’ai eu un très grand plaisir à voir, gouter, et échanger avec deux passionnés du vin que sont le père et le fils Cantelaube.
J’ai passé un très bon moment dans ce domaine, et je me suis bien juré que l’on me reprendrait les lèvres dans un verre de ce château Bellegrave-du-Poujeau !
433, chemin Duthil-le-Poujeau -33290 Le Pian-Médoc – Tél : 06 07 14 09 47